Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/191

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crime n’avoit plus qu’un pas à faire : c’étoit de vendre ſon compatriote ſans l’avoir acheté, & de trouver quelqu’un qui l’achetât ; il l’a fait. Embarqués ſans être en état de payer leur paſſage, ces malheureux ſont à la diſpoſition de leur conducteur, qui les vend à qui bon lui ſemble. Cette eſpèce d’eſclavage eſt plus ou moins long ; mais il ne peut jamais durer plus de huit années. Si parmi ces émigrans il ſe trouve des enfans, leur ſervitude doit durer juſqu’à leur majorité, qui eſt fixée à vingt-un ans pour les garçons, & à dix-huit ans pour les filles.

Aucun des engagés n’a le droit de ſe marier ſans l’aveu de ſon maître, qui met le prix qu’il veut à ſon conſentement. Si quelqu’un d’eux s’enfuit, & qu’on le rattrape, il doit ſervir une ſemaine pour chaque jour de ſon abſence, un mois pour chaque ſemaine, & ſix mois pour un ſeul. Le propriétaire qui ne veut pas reprendre ſon déſerteur, peut le vendre à qui bon lui ſemble ; mais ce n’eſt que pour le tems de ſon premier engagement. Du reſte, ce ſervice n’a rien d’ignominieux ; & l’acquéreur fait tout