Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/212

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prendre ſans conſulter ſon père : un prince au contraire, ne doit rien établir ſans conſulter ſon peuple. Il y a plus : le fils, dans les réſolutions où il prend conſeil de ſon père, ſouvent ne haſarde que ſon propre bonheur : un prince compromet toujours l’intérêt du peuple, dans tout ce qu’il ſtatue. L’opinion publique, chez une nation qui penſe & qui parle, eſt la règle du gouvernement : jamais il ne la doit heurter ſans des raiſons publiques, ni la contrarier, ſans l’avoir déſabusée. C’eſt d’après cette opinion, que le gouvernement doit modifier toutes ſes formes. L’opinion, comme on le ſait, varie avec les mœurs, les habitudes & les lumières. Ainſi tel prince pourra faire, ſans trouver la moindre réſiſtance, un acte d’autorité que ſon ſucceſſeur ne renouvelleroit pas ſans exciter l’indignation. D’où vient cette différence ? Le premier n’aura pas choqué l’opinion qui n’étoit pas encore née ; le ſecond l’aura bleſſée ouvertement un ſiècle plus tard. L’un aura fait, pour ainſi dire, à l’inſu du peuple, une démarche dont il aura corrigé ou réparé la violence, par les ſuccès heureux de ſon gouvernement : l’autre aura peut-être comblé