Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/24

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bizarrerie de leurs idées ſur des objets incompréhenſibles, ne pouvoient qu’étonner & faſciner les âmes ſenſibles au merveilleux.

La ſimplicité de leur vêtement fut ce qui frappa d’abord tous les yeux. Sans galons, ſans broderies, ni dentelles, ni manchettes, ils bannirent tout ce qu’ils appeloient ornement ou ſuperfluité. Point de plis dans leurs habits ; pas même un bouton au chapeau, parce qu’il n’eſt pas toujours néceſſaire. Ce mépris ſingulier pour les modes les avertiſſoit d’être plus vertueux que les autres hommes, dont ils ſe diſtinguoient par des dehors modeſtes.

Toutes les déférences extérieures, que l’orgueil & la tyrannie impoſent à la foibleſſe, devinrent odieuſes aux Quakers ; qui ne vouloient avoir ni maîtres, ni ſerviteurs. Ils condamnoient les titres faſtueux, comme orgueil dans ceux qui les uſurpoient, comme baſſeſſe dans ceux qui les déféroient. Ils ne reconnoiſſoient nulle part, ni Excellence, ni Éminence ; & ils avoient raiſon : mais ils ſe refuſoient aux égards réciproques, qu’on appelle politeſſe ; & ils avoient tort. Le nom d’ami, diſoient-ils, ne devoit