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des deux Indes
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vile ambition de commander qui prête les bras au deſpotiſme, & conſent à être eſclave pour dominer ; à livrer un peuple pour partager ſa dépouille ; à renoncer à l’honneur pour obtenir des honneurs & des titres. C’eſt ſur-tout l’indifférente & froide perſonnalité, dernier vice d’un peuple, dernier crime des gouvernemens, car c’eſt toujours le gouvernement qui la fait naître : c’eſt elle qui, par principe, ſacrifie une nation à un homme, & le bonheur d’un ſiècle & de la poſtérité à la jouiſſance d’un jour & d’un moment. Tous ces vices, fruits d’une ſociété opulente & voluptueuſe, d’une ſociété vieillie & parvenue à ſon dernier terme, n’appartiennent point à des peuples agriculteurs & nouveaux. Les Américains demeurèrent unis. L’exécution d’un bill qu’ils appelloient inhumain, barbare & meurtrier, ne fit que les affermir dans la réſolution de ſoutenir leurs droits avec plus d’accord & de conſtance.

À Boſton, les eſprits s’exaltent de plus en plus. Le cri de la religion renforce celui de la liberté. Les temples retentiſſent des exhortations les plus violentes contre l’Angleterre. C’étoit ſans doute un ſpectacle intéreſſant