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Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/323

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des deux Indes.

peuple qui combat peur ſa liberté, fatigué d’une lutte longue & pénible, & plus frappé des dangers du moment que du bonheur de l’avenir, ſentît affoiblir ſon courage, & fût tenté peut-être de préférer un jour la dépendance & la paix à une indépendance orageuſe, & qui coûte des périls & du ſang. C’eſt alors qu’il ſeroit avantageux à ce peuple de s’être démis lui-même du pouvoir de faire la paix avec ſes oppreſſeurs, & d’avoir déposé ce droit dans les mains du sénat qu’il a choiſi pour ſervir d’organe à ſa volonté, quand cette volonté étoit libre, fière & courageuſe. Il ſemble lui avoir dit au moment où il l’inſtitua. Je lève l’étendard de la guerre contre mes tyrans. Si mon bras ſe laſſoit de combattre, ſi je pouvois m’avilir juſqu’à implorer le repos, ſoutiens-moi contre ma foibleſſe. N’écoute pas des vœux indignes de moi que je déſavoue d’avance ; & ne prononce le nom de paix que quand ma chaîne ſera brisée.

En effet, ſi l’on conſulte l’hiſtoire des républiques, on verra que la multitude a preſque toujours l’impétuoſité & la chaleur du premier moment : mais que ce n’eſt que dans