Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cependant la ſcène ſanglante ne s’ouvroit pas ; & ce délai faiſoit eſpérer la continuation de la paix à quelques eſprits crédules. On ignoroit qu’une flotte partie de Toulon étoit chargée de combattre les Anglois dans le nord de l’Amérique. On ignoroit que des ordres expédiés de Londres preſcrivoient de chaſſer les François des Indes Orientales. Sans être initiés dans ces myſtères de perfidie, qu’une politique inſidieuſe eſt parvenue à faire regarder comme de grands coups d’état, les hommes vraiment éclairés jugeoient les hoſtilités inévitables, prochaines même ſur notre océan. Ce dénouement prévu fut amené par le combat de deux frégates, livré le 17 juin 1775.

Ici notre tâche devient de plus en plus difficile. Notre objet unique eſt d’être utile & vrai. Loin de nous tout eſprit de parti qui aveugle & dégrade ceux qui conduiſent les hommes & ceux qui oſent aſpirer à les inſtruire. Nos vœux ſont pour la patrie, & nos hommages pour la juſtice. En quelque lieu, ſous quelque forme que la vertu ſe préſente, c’eſt elle que nous honorons. Les diſtinctions de ſociété & d’états ne peuvent