Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/378

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Le moment eſt manqué, ou par la puſillanimité qui diffère, ou par la témérité qui ſe hâte. Des plans auront été formés avec ſageſſe : mais ils reſteront ſans effet par le défaut de concert dans les mouvemens de l’exécution. Un ordre inconſidéré de la cour décide du malheur d’une journée. La diſgrâce ou le décès d’un miniſtre change les projets. Eſt-il poſſible qu’une union étroite puiſſe long-tems ſubſiſter entre des confédérés d’un caractère auſſi opposé que le François emporté, dédaigneux & léger ; l’Eſpagnol lent, hautain, jaloux & froid ; l’Américain qui tient ſecrètement ſes regards tournés vers ſa mère-patrie & qui ſe réjouiroit des déſaſtres de ſes alliés, s’ils étoient compatibles avec ſon indépendance ? Ces nations, ſoit qu’elles agiſſent séparément, ſoit qu’elles agiſſent de concert, tarderont-elles à s’entr’accuſer, à ſe plaindre & à ſe brouiller ? Leur plus grand eſpoir ne ſeroit-il pas que des revers multipliés ne feroient tout au plus que les replonger dans l’état humiliant dont elles vouloient ſortir & affermir le ſceptre des mers dans les mains de la Grande-Bretagne ; tandis qu’une ou