Page:Histoire romaine de Caius Velleius Paterculus adressée à M. Vinicius, Consul, 1825.djvu/107

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icain, fut condamné pour concussion à son retour de Macédoine, bien que la contestation ne portât que sur quatre mille sesterces. Tellement les hommes de ce temps-là tenaient compte de la volonté de commettre la faute plutôt que de la grandeur de cette faute. Ils jugeaient l’acte d’après l’intention et c’est la nature du crime et non son étendue qu’ils appréciaient. C’est vers cette même époque qu’un seul jour vit le triomphe des deux frères Marcus et Caïus Métellus. Exemple non moins illustre et jusqu’alors unique, les fils de ce Fulvius Flaccus qui avait pris Capoue furent consuls en même temps. Toutefois l’un d’eux avait été donné en adoption. Il était entré comme fils adoptif dans la famille d’Acidinus Manlius. Quant aux deux Métellus qui furent censeurs en même temps, ce n’étaient pas deux frères mais deux cousins germains. Seuls, les Scipions avaient eu un bonheur semblable. Vers cette date, les Cimbres et les Teutons franchirent le Rhin et bientôt nos nombreuses défaites, puis les leurs les rendirent célèbres. A la même époque, Minucius qui construisit les portiques aujourd’hui encore bien connus, obtint son glorieux triomphe sur les Scordiques.

IX.

C’est alors que brillèrent les orateurs Scipion Emilien, Lélius, Servius Galba, les deux Gracques, Caïus Fannius, Papirius Carbo. Il faut citer encore Métellus Numidicus, Scaurus et tout particulièrement Lucius Crassus et Marc Antoine. Aux génies de cette période succédèrent Caïus César Strabon et Publius Sulpicius. Quant à Quintus Mucius, il doit sa célébrité plutôt à sa science juridique qu’à son éloquence proprement dite. Vers la même époque également, Afranius se rendit célèbre par ses comédies romaines, Pacuvius et Accius par leurs tragédies, et leurs œuvres peuvent soutenir la comparaison avec celle des Grecs. Un autre écrivain sut donner à son œuvre une place honorable parmi celles de ces auteurs mêmes et si l’on trouve plus d’art dans ces dernières, il semble presque y avoir plus de vigueur dans la sienne. Je veux parler de Lucilius dont le nom fut célèbre et qui avait servi comme cavalier sous les ordres de Publius Scipion l’Africain pendant la guerre de Numance. Vers la même date, Jugurtha et Marius, qui étaient encore des jeunes gens, servaient sous le même Scipion l’Africain et apprenaient dans le même camp un art qu’ils pratiquèrent ensuite dans des camps ennemis. Sisenna, encore dans sa jeunesse, écrivait déjà comme historien, mais il ne publia son ouvrage sur les guerres civiles et les guerres de Sylla que plusieurs années après, à un âge assez avancé. Caelius vécut a