Page:Histoire romaine de Caius Velleius Paterculus adressée à M. Vinicius, Consul, 1825.djvu/117

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s tous ses projets une intelligence et des intentions bien meilleures que les résultats qu’il obtint. Il voulait rétablir le sénat dans son antique gloire et lui rendre l’exercice de la justice. Les chevaliers avaient en effet obtenu le pouvoir judiciaire par les lois des Gracques. Après avoir durement frappé, malgré leur complète innocence, de nombreux citoyens des plus illustres, ils avaient poursuivi en vertu de la loi sur les concussions, Publius Rutilius, l’homme le plus vertueux non seulement de son siècle, mais de tous les temps et l’avaient condamné, à la grande douleur de toute la cité. Dans les entreprises mêmes où il travaillait pour le sénat, Drusus eut le sénat comme adversaire. Celui-ci ne comprenait pas que si les mesures de Drusus étaient en quelque point favorables à la plèbe, c’était pour prendre la foule comme par un appât ou dans un filet et pour que le peuple, en échange de faibles avantages, en abandonnât de plus grands. Bref, le destin de Drusus fut tel que le sénat aima mieux approuver les actes nuisibles de ses collègues que ses projets, tout excellents qu’ils fussent, méprisa l’honneur qu’il voulait lui rendre, accepta avec calme les outrages dont les autres l’accablaient, et se montra envieux de l’immense renommée de Drusus alors qu’il n’était pas blessé de la gloire moins éclatante de ses adversaires.

XIV.

Comme le succès ne récompensait pas ses bonnes intentions, Drusus changeant d’idée voulut donner le droit de cité à l’Italie. Il y travaillait, quand revenant du forum entouré de cette foule immense et confuse qui l’escortait toujours, il fut frappé d’un coup de couteau dans la cour même de sa maison. L’arme resta fixée dans son coté et il mourut en quelques heures. Comme il allait rendre le dernier souffle, il murmura, à la vue du grand nombre de ceux qui l’entouraient en pleurant, une parole qui convient bien à l’honnêteté de sa conscienc