Page:Histoire romaine de Caius Velleius Paterculus adressée à M. Vinicius, Consul, 1825.djvu/61

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leur père sur la place de la tribune aux harangues, le premier avait été consul et censeur, le second était consulaire, le troisième était consul, et le dernier près de l’être. Finir ainsi, ce n’est pas mourir ; c’est sortir heureusement de la vie.

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L’Achaïe tout entière reprit une attitude hostile, ainsi que je l’ai dit, quoiqu’une grande partie du pays eût été ruinée par les armes de Metellus le Macédonique. Les Corinthiens, qui avaient eux-mêmes outragé les ambassadeurs romains, furent les instigateurs de cette guerre. On en confia la conduite au consul Mummius.

Vers le même temps, les Romains prirent la résolution de détruire Carthage, animés contre elle, bien moins par des rapports croyables, que par des bruits qu’ils aimaient à croire. On éleva donc au consulat (quoiqu’il ne briguât que l’édilité) Publius Scipion Émilianus, né de Paullus Émilius, et qu’avait adopté Scipion, fils de l’Africain. Héritier des vertus de son aïeul et de son père, Scipion Émilianus possédait à la fois les talents militaires et les qualités civiles, et surpassait tous ceux de son siècle, pour la culture de l’esprit et les connaissances ; homme dont les discours, les actions et les sentiments n’offrirent jamais rien que de louable, dans tout le cours de sa vie. Ses exploits avaient déjà mérité la couronne obsidionale, en Afrique, et la couronne murale, en Espagne. Ce fut en Espagne que, provoqué par un guerrier d’une taille gigantesque, il tua cet ennemi, quoique sa force ne répondît point à son courage. Scipion porta la guerre au pied des murs de Carthage, et la