Page:Histoire romaine de Caius Velleius Paterculus adressée à M. Vinicius, Consul, 1825.djvu/77

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des autres artistes. En observant l’époque à laquelle ces hommes ont paru, nous nous convaincrons que peu d’années ont suffi pour produire les chefs-d’œuvre de tous les arts.

Le siècle d’Auguste et le nôtre ont été féconds en génies heureux, échauffés d’une même émulation, animés par les mêmes avantages. A quoi tient donc l’infériorité du dernier ? II m’arrive souvent d’en rechercher les causes, et je n’en ai pas découvert dont la vérité m’ait frappé ; mais peut-être en ai-je aperçu de vraisemblables, et particulièrement celles-ci : L’émulation nourrit les esprits ; l’admiration et l’envie leur servent tour à tour d’aiguillon. Un grand succès est le prix d’un grand effort ; mais il est un point de perfection où l’art ne saurait s’arrêter longtemps ; et, par un effet naturel, ce qui n’avance plus rétrograde. D’abord, on s’enflamme pour atteindre ceux qui sont les premiers ; mais, dès qu’on ne se flatte plus de pouvoir les surpasser, ou même les égaler, le zèle se ralentit avec l’espérance. On ne poursuit plus ce qui nous échappe ; et, laissant comme envahie par d’autres la matière où l’on ne peut plus exceller, on en cherche une autre. Il résulte de cette mobilité, qu’on parvient difficilement à perfectionner un ouvrage.

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Voilà pour les temps : les lieux nous offriront un autre phénomène. La seule ville d’Athènes a brillé plus longtemps que la Grèce entière, par ses orateurs et ses écrivains. On eût dit que les esprits de cette nation étaient rassemblés dans les murs d’Athènes, et tout le reste distribué dans les autres villes. Je n’en suis pas