Page:Histoire romaine de Caius Velleius Paterculus adressée à M. Vinicius, Consul, 1825.djvu/95

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auche d’un pan de sa toge, il se posta au sommet du Capitole, au haut des marches et exhorta à le suivre ceux qui voulaient le salut de l’État. Alors les nobles, le Sénat, la meilleure et la plus grande partie de l’ordre équestre, avec ceux des plébéiens qui n’avaient pas subi l’influence de funestes conseils, se précipitèrent vers Gracchus qui, debout sur la place au milieu de ses bandes, cherchait à soulever une foule venue de presque toute l’Italie. Comme Gracchus dans sa fuite descendait, en courant, la pente du Capitole, il fut atteint d’un morceau de banc et finit par une mort prématurée une vie qui aurait pu être très glorieuse. C’est ainsi qu’on commença dans la ville de Rome à verser le sang des citoyens et à tirer le glaive impunément. Dès lors, le droit succomba sous la violence, le plus fort fut jugé le meilleur, les différends entre citoyens qui jadis étaient toujours apaisés par des accommodements furent réglés par l’épée, et les guerres furent engagées sans motif légitime, selon les profits qu’elles procuraient. Rien d’étonnant à cela : les exemples vont souvent plus loin que leur point de départ ; si étroit que soit le sentier où vous les laissez s’engager, ils s’en écartent et se frayent à eux-mêmes un large chemin. Une fois qu’on s’est écarté de la bonne route, on va à l’abîme et personne ne voit de honte à faire ce qui a été profitable à un autre.

IV.

Pendant que ces faits se passaient en Italie, le roi Attale mourant léguait l’Asie au peuple rom