Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/102

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IV. De là il s’ensuit * qu’on ne peut faire tort à une personne, si on n’avait point auparavant contracté avec elle, si on ne lui avait, par quelque pacte, donné ou promis quelque chose. C’est pourquoi on met bien souvent de la différence entre le dommage et l’injure. Si un maître commande à son valet, qui lui a promis obéissance, de compter quelque argent, ou de faire quelque autre présent à une certaine personne qu’il a envie de gratifier ; lorsque le valet manque à la commission, il cause du dom­mage à ce troisième-là, et ce n’est qu’à son maître à qui il fait une injure. De même, en une ville, si quelqu’un nuit à un autre avec qui il n’avait point fait de pacte, à la vérité il lui cause du dommage en ce mal qu’il lui fait ; mais l’injure, à parler saine­ment, redonde sur celui qui a le gouvernement des affaires publiques, et qui y exerce la plus haute magistrature. Car, si celui qui a reçu le dommage se plaignait de l’injure, l’autre pourrait lui répondre « pourquoi vous plaignez-vous de moi  ? » Suis-je tenu de faire selon votre fantaisie, plutôt que selon la mienne, puisque je n’empêche pas que vous fassiez à votre volonté, et que la mienne ne vous sert pas de règle ? Qui est un discours auquel je ne trouve rien à redire, lorsqu’il n’est point intervenu de pactes précédents.


Remarque :

  • [Qu’on ne peut faire tort, etc.] « Le nom d’injustice a une signification relative à la loi ; celui d’injure a du rapport à la lo