Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/112

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les plus sages combattissent pour le commandement, je ne sais si ces derniers l’emporteraient. Soit donc que les hommes soient naturellement égaux entre eux, ou qu’ils ne le soient pas, il faut reconnaître une égalité ; parce que s’ils sont inégaux, ils entreront en querelle, et combattront pour le gouvernement, et la nécessité les obligeant enfin de tendre à un accord, en la paix qui se fera ils se tiendront pour égaux. C’est pourquoi j’établis cette maxime comme la huitième loi de nature, qu’on estime tous les hommes naturelle­ment égaux. A laquelle loi, l’orgueil est tout contraire.


XIV. Comme il était nécessaire pour la conservation de chaque particulier qu’il cédât de quelques-uns de ses droits, aussi il n’est pas moins important à ce même dessein qu’il se réserve la possession de certains droits inaliénables : par exemple, celui de défendre sa personne, de jouir de la liberté, de l’air, de l’eau, et de toutes les autres commodités nécessaires à la vie. De même donc que ceux qui font une paix entre eux, retiennent quantité de droits communs, et en acquièrent de propres, c’est aussi une règle de la nature que je mets au neuvième rang, « qu’on accorde à tous les autres les privilèges qu’on demande pour soi-même ». Autrement, ce serait en vain qu’on aurait reconnu l’égalité, que nous avons établie en l’article précédent. Car qu’est-ce autre chose, je vous prie, reconnaître, en contractant une société, que les per­sonnes sont