Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


VII. La démocratie n’est pas établie par des conventions que chaque particulier fasse avec le peuple, mais par des pactes réciproques qu’on fait les uns avec les autres. Il appert du premier, en ce que pour faire un accord, il faut qu’il y ait préa­lablement des personnes avec qui on traite : or, avant que la société civile soit formée, le peuple ne subsiste pas encore en qualité d’une certaine personne, mais comme une multitude détachée ; de sorte qu’en cet état, un particulier n’a point pu traiter avec le peuple. Mais après que la société est établie, ce serait en vain qu’un particulier traiterait avec l’État, parce qu’on suppose que la volonté du peuple enferme celle d’un simple sujet, qui a résigné tous ses intérêts au public ; et que le peuple demeu­re effectivement libre, ayant le pouvoir de se dégager quand il lui plaît de toutes ses obligations passées. On peut inférer ce que je dis ensuite, que chaque particulier traite avec chacun des autres, de ce que la société civile serait très mal fondée, si les particuliers n’étaient liés à aucuns pactes qui les obligeât à faire ou à omettre ce que l’État ordonnerait. Puis donc que ces derniers pactes sont supposés nécessaires en l’érection d’une république, et qu’il ne s’en fait aucuns autres entre les particuliers et le peuple, comme je viens de le prouver ; il s’ensuit qu’il ne se traite qu’entre les parti­culiers, à savoir chaque bourgeois promettant à soumettre sa volonté à celle du plus grand nombre, mais à condition