Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/198

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toujours en état d’exercer les fonctions de l’empire.


XIV. Au reste, parce que j’ai montré ci-dessus aux articles VII, IX, XII, que ceux qui gouvernent la république ne sont obligés par aucuns pactes à personne, il s’ensuit qu’ils ne peuvent point faire d’injure aux particuliers. Car l’injure, suivant que je l’ai définie au troisième chapitre, n’est autre chose que l’enfreinte des pactes accordés ; de sorte que là où il n’y en a eu aucuns, il ne peut y avoir d’injure. Cependant le peuple, les nobles et le roi peuvent pêcher en diverses façons contre les lois de nature, comme en cruauté, en injustice, en outrages, et en s’adonnant à tels autres vices qui ne tombent point sous cette étroite signification d’injure. Mais, si un sujet n’obéit pas à l’État, non seulement il commet une injure contre son autorité, mais aussi il offense tous ses concitoyens ; parce qu’ayant convenu avec eux d’obéir à la puissance souve­raine, il reprend, sans leur en demander congé, le droit dont il s’était dessaisi. Au demeurant, s’il se résout quelque chose contre une loi de nature dans une assemblée populaire, ou dans une congrégation des principaux de la république, ce n’est pas l’État, c’est-à-dire la personne civile qui pèche ; mais les particuliers qui ont opiné en cette mauvaise délibération : pour ce, qu’à bien considérer la source de cette action, les péchés qui se commettent sont des dérèglements de la volonté