Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/206

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d’acquitter son obligation. Et voilà les trois moyens par lesquels les hommes se retirent de la sujétion civile et acquièrent cette brutale, mais toutefois naturelle liberté, qui donne à tous un pouvoir égal sur toutes choses. je nomme cette liberté farouche et brutale ; car, en effet, si l’on compare l’état de nature à l’état politique, c’est-à-dire la liberté à la sujétion, on trouvera la même proportion entre elles, qu’il y a entre le dérèglement des appétits et la raison, ou, si je l’ose dire, entre les bêtes et les hommes raisonnables. Ajoutez à cela, que les particuliers peuvent être délivrés légitimement de la sujétion, par la volonté et sous le bon plaisir de celui qui gouverne absolument, pourvu qu’ils sortent des limites de son royaume : ce qui peut arriver en deux façons, à savoir, par permission, lorsqu’on demande et qu’on obtient congé d’aller demeurer ailleurs, ou quand on fait commandement de vider le royaume, comme à ceux que l’on bannit. En l’une et en l’autre de ces ren­contres, on est affranchi des lois de l’État que l’on quitte, à cause qu’on s’attache à celles d’une nouvelle république.