Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/278

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chaque particulier lui a cédé son droit ? Vous lui avez donc transféré le vôtre : de sorte que votre domaine et votre propriété est telle et ne dure qu’autant qu’il plaît à la républi­que. Comme dans une famille les enfants n’ont en leur particulier, que ce que le père veut leur laisser ; mais, la plupart des hommes, je dis même de ceux qui font profes­sion d’une prudence civile, raisonnent autrement. Nous sommes, disent-ils, naturelle­ment égaux : il n’y a aucune raison pourquoi quelqu’un m’ôte mon bien avec plus de titre, que moi à lui le sien. Nous savons assez qu’on a besoin quelquefois d’argent pour la défense publique ; mais, que ceux qui l’exigent nous en fassent voir la néces­sité, et nous le contribuerons volontiers. Ceux qui tiennent ce langage, ne savent pas qu’en la fondation de l’État on a fait ce qu’ils veulent que l’on fasse de nouveau : et parlant comme s’ils vivaient au milieu d’une multitude débandée, et parmi une troupe de sauvages, où il n’y a pas encore de société civile dressée, ils renversent en tant qu’en eux est celle qui est déjà toute faite.


VIII. Enfin, c’est une erreur contraire au gouvernement politique et surtout au monarchique, que ce que les hommes ne mettent pas assez de différence entre le peuple et la multitude. Le peuple est un certain corps, et une certaine personne, à laquelle on peut attribuer une seule volonté, et une action