Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

car, les espions ne sont pas moins importants aux souverains, que les rayons de lumière à l’âme humaine pour le discernement des objets visibles ; de sorte que nous pouvons dire de cette vue politique, bien mieux que de la naturelle, que les espèces intentionnelles des objets extérieurs sont portées à l’âme (c’est-à-dire, aux premiers ministres de la puissance souveraine) par l’air, d’une façon imperceptible ; et qu’ainsi les espions ne sont pas moins nécessaires au bien public, que les rayons de la lumière à la conservation des hommes. je pourrais les comparer aussi aux toiles d’araignées, dont les filets déliés, tendus çà et là, avertissent ce petit animal des mouvements du dehors, pendant qu’il demeure couché dans sa petite caverne : car, je dirais, que ceux qui gouvernent les affaires publiques, ne seraient pas moins ignorants de ce qu’il faudrait faire pour la défense de leurs sujets, sans le secours des espions, que ces mêmes araignées ignoreraient le temps auquel elles doivent accourir, si leurs filets ne les avertissaient de se mettre en campagne.


VIII. Il est requis en suite à la défense du peuple, qu’il se prémunisse. Or c’est se prémunir que de faire provision de soldats, d’armes, de vaisseaux, de forteresses et d’argent, avant que le temps presse et que le péril soit imminent. Car, il est trop tard, si même il n’est impossible, de lever des soldats et d’apprêter de% armes, après que l’on a