Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/377

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en vertu de quelque alliance ; de sorte qu’il semble que Dieu n’a pas voulu qu’on lui rendît aucune autre obéissance que celle que la lumière de la raison naturelle prescrit, qu’ensuite de quelque pacte, c’est-à-dire à cause du commun consentement des hom­mes. Mais d’autant que cette alliance fut tout incontinent rompue, et qu’elle ne fut point renouvelée depuis, il ne faut pas commencer dès ce temps-là le règne de Dieu dont il s’agit en ce chapitre. Cependant il y a ceci à remarquer en passant, sur le sujet de la défense qui fut faite de ne point manger du fruit de l’arbre de science du bien et du mal (soit que l’on doive entendre par là une prohibition de s’entremettre de juger de ce qui est bien et de ce qui est mal, ou que l’usage de quelque fruit du jardin d’Eden fût interdit en effet), que Dieu a exigé une obéissance aveugle à ses comman­dements, sans qu’il fût permis de disputer à l’encontre et de mettre en question si ce qui était commandé était bon ou mauvais. Car le fruit de l’arbre n’a rien de mauvais en soi, hors de la défense qui seule peut rendre un péché, c’est-à-dire, moralement mauvaise, la liberté que l’homme prit d’en manger.


III. Or, l’alliance que Dieu traita avec Abraham fut conçue en ces termes, couchés au dix-septième chapitre de la Genèse verset 7. 8. J’établirai mon alliance entre moi et toi, et entre ta postérité après toi en leurs âges,