Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/381

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nature, en tant qu’il ne sui­vait que les règles de la raison, mais en vertu des termes de l’alliance, par laquelle il promettait à Dieu obéissance et pour soi et pour sa postérité. Ce qui eût été en vain, si ses enfants n’eussent été obligés d’obéir à ses commandements. Et de vrai, comment pourrait-on entendre ce que Dieu dit, Gen. 18. 18. Qu’en lui seront béni­tes toutes les nations de la terre ; car je le connais, qu’il commandera à ses enfants et à sa maison après soi, qu’ils gardent la voie de l’Éternel, pour faire ce qui est juste et droit, si l’on ne supposait que ses enfants étaient obligés, et que toute sa maison était tenue d’obéir à ses ordonnances ?


VII. D’où il s’ensuit, que les sujets d’Abraham n’ont pas pu faillir en lui obéis­sant, pourvu qu’il ne commandât pas de nier l’existence de Dieu ou sa Providence, ni de faire quelque chose qui fût directement contre la gloire de Dieu. En toute autre rencontre, il fallait entendre de sa seule bouche la voix du ciel, comme étant l’unique interprète des lois et de la parole divine. En effet, l’on ne pouvait apprendre que d’Abraham, qui était son Dieu, et en quelle manière on le devait servir. Et ceux qui, après la mort de ce patriarche, furent soumis au commandement d’Isaac et de Jacob, durent par la même raison leur obéir sans crime, toutes fois et quantes qu’ils recon­nurent et avouèrent le Dieu d’Abraham pour leur Dieu et pour leur roi.