Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/483

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celle-ci en est quelquefois séparée ; celle-là est une intérieure persuasion de l’âme ; mais celle-ci n’est qu’une obéissance extérieure. Puis, entre la foi et l’opinion : car celle-ci est appuyée sur notre raisonnement, et l’autre sur l’estime que nous faisons d’autrui. Enfin, entre la foi et la science : car en celle-ci, une proposition qu’on examine est dissoute et mâchée longtemps avant qu’on la reçoive ; mais en l’autre, on l’avale tout d’un coup et tout entière. L’explication des noms, sous lesquels ce qu’on recherche est proposé, sert à acquérir la science, voire il n’y a que la seule voie des définitions par laquelle on puisse savoir quelque chose : mais en la foi, cette pratique est nuisible. Car les choses qui nous sont proposées à croire étant au-dessus de la portée de notre esprit, l’exposition ne les rendra jamais plus évidentes, et, au contraire, plus on tâche de les éclaircir, plus obscures et plus incroyables elles deviennent. Et il en prend à un homme qui tâche de démontrer les mystères de la foi par raisons naturelles, de même qu’à un malade qui veut mâcher des pilules, bonnes à la santé, mais amères, avant que les faire descendre dans son estomac ; car l’amertume les lui fera tout incontinent rejeter, et elles n’opéreront point, là où, s’il les eût promptement avalées, il n’en eût pas senti le mauvais goût et il en eût recouvré sa guérison.