Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/63

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de docteurs. Il n’y en aura pas un qui ne se sente capa­ble, et qui ne se veuille mêler d’enseigner les autres ; et de cette concurrence naîtra une haine mutuelle, au lieu d’une amitié réciproque. Il est donc évident par ces expé­riences, à ceux qui considè­rent attentivement les affaires humaines, que toutes nos assemblées, pour si libres qu’elles soient, ne se forment qu’à cause de la nécessité que nous avons les uns des autres, ou du désir d’en tirer de la gloire ; si nous ne nous proposions de retirer quel­que utilité, quelque estime, ou quelque honneur de nos compagnons en leur société, nous vivrions peut-être aussi sauvages que les autres animaux les plus farouches. La même conclusion se peut recueillir par un raisonne­ment, sur les définitions de la volonté, du bien, de l’honneur, et de l’utile. Car puisque c’est volontairement que la société est contractée, on y recherche l’objet de la volonté, c’est-à-dire, ce qui semble bon à chacun de ceux qui y entrent. Or ce qui paraît bon est agréable, et appartient à l’esprit ou à ses organes. Tout le plaisir de l’âme consiste en la gloire (qui est une certaine bonne opinion qu’on a de soi-même) ou se rapporte à la gloire. Les autres plaisirs touchent les sens, ou ce qui y aboutit, et je les embrasse tous sous le nom de l’utile. je conclus donc derechef, que toutes les sociétés sont bâties sur le fondement de la gloire et des commodités de la vie ; et qu’ainsi elles sont contractées