Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/72

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bon lui semblait contre qui que ce fût, et chacun pouvait posséder, se servir, et jouir de tout ce qui lui plaisait. Or, parce que, lorsqu’on veut quelque chose, dès là, elle semble bonne, et que ce qu’on la désire est une marque de sa véritable nécessité, ou une preuve vraisemblable de son utilité à la conservation de celui qui la souhaite (au précédent article, j’ai montré que chacun est juge compétent de ce qui lui est vraiment utile ; de sorte qu’il faut tenir pour nécessaire tout ce qu’il juge tel) et que, par l’art. VII, on a, et on fait par droit de nature tout ce qui contribue à sa propre défense, et à la conservation de ses membres, il s’ensuit, dis-je, qu’en l’état de nature, chacun a droit de faire et de posséder tout ce qu’il lui plaît. D’où vient ce commun dire, que la Nature a donné toutes choses à tous : et d’où il se recueille, qu’en l’état de nature, l’utilité est la règle du droit.


Remarque :

  • [Dans un état purement naturel.] « Il faut entendre ceci de cette sorte, qu’en l’état de nature il n’y a point d’injure en quoi qu’un homme fasse contre quelque autre. Non qu’en cet état-là il soit impossible de pécher contre la majes­té divine, et de violer les lois naturelles. Mais de commettre quelque injus­tice envers les hommes, cela suppose qu’il y ait des lois humaines, qui ne sont pour­tant pas encore établies en l’état de nature, dont nous parlons. La vérité de ma proposition en ce sens-là est assez évidemment démontrée aux articles immé­dia­tement précédents, si le lecteur veut s’e