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DE LA NATURE

nité ne ſignifient que notre incapacité ou le reſpect que nous avons pour lui. Ils annoncent notre incapacité lorſque nous diſons qu’il eſt incompréhenſible & infini. Ils annoncent notre reſpect quand nous lui donnons les noms qui parmi nous ſervent à déſigner les choſes que nous louons & que nous exaltons tels que ceux de tout-puiſſant, d’omniſcient, de juſte, de miſéricordieux, &c. Quand Dieu ſe donne à lui même ces noms dans les Saintes Ecritures, ce n’eſt que ἀνθρωποπαθῶς, c’eſt-à-dire, pour s’accommoder à notre façon de parler, ſans quoi nous ſerions dans l’impoſſibilité de l’entendre.

§. 4. Par le mot Eſprit, nous entendons un corps naturel d’une telle ſubtilité qu’il n’agit point ſur les ſens, mais qui remplit une place, comme pourroit la remplir l’image d’un corps viſible. Ainſi la conception que nous avons d’un Eſprit eſt celle d’une figure ſans couleur : dans la figure nous concevons di-