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Page:Hobbes - De la nature humaine (Trad. Thiry d’Holbach), 1772.djvu/72

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DE LA NATURE

examiner ce que c’eſt que l’Evidence. Je dis donc que c’eſt la concomitance de la conception d’un homme avec les mots qui ſignifient cette conception dans l’acte du raiſonnement ; car quand un homme ne raiſonne que des lèvres, après que l’eſprit ne lui a ſuggéré que le commencement de ſon diſcours, & loſsqu’il ne ſuit pas ſes paroles avec les conceptions de ſon eſprit ou ne parlant que par habitude, quoiqu’il débute dans ſon raiſonnement par des propoſitions vraies & qu’il procede par des ſyllogiſmes certains dont il tire des concluſions véritables, cependant ſes concluſions ne ſeront point évidentes pour lui-même, parce que ces conceptions n’accompagnent point ſes paroles. En effet si les mots ſeuls ſuffisoient, on parviendroit à enſeigner à un perroquet à connoître & à dire la vérité. L’évidence eſt pour la vérité ce que la sève eſt pour l’arbre ; tant que cette sève s’éleve dans le tronc & circule dans les branches, elle les tient