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lières aux Nombres elles intéressent toutes les espèces de choses susceptibles de s’ajouter les unes aux autres ou de se soustraire les unes aux autres. De même en effet que les Arithméticiens enseignent à additionner et à soustraire les nombres, les Géomètres enseignent la même chose pour les lignes, les figures [(solides et superficielles)], les angles, les proportions, les temps, les degrés de vitesse, de force, de puissance, etc. ; et les Logiciens pour les Conséquences des mots ; ils additionnent deux Noms pour faire une Affirmation[1], deux Affirmations pour faire un Syllogisme, plusieurs Syllogismes pour faire une Démonstration ; et, de la somme ou Conclusion d’un Syllogisme, ils soustraient une Proposition[2], afin de trouver la suivante. Ceux qui écrivent sur la Politique additionnent des Pactes pour trouver les devoirs humains ; les Jurisconsultes additionnent des Lois et des faits pour trouver ce qui est juste et ce qui est injuste[3] dans les actions humaines privées. [En somme, ] partout où il y a place peur l’addition et la soustraction, il y a place aussi pour la Raison[4] ; et partout où il n’y a point place pour elles, la Raison n’a rien à faire.

Définition de la Raison. — D’après tout ceci, nous pouvons définir[5], c’est-à-dire déterminer ce que nous entendons par ce mot [Raison], quand nous

  1. « Propositio » (proposition) en latin ; « Affirmation » en anglais.
  2. Ici le latin et l’anglais donnent le mot « proposition ».
  3. Le latin dit « Jus et Injuria » ; l’anglais « right and wrong ».
  4. « Reason » en anglais ; « Ratio » en latin. Se reporter au sens étymologique de Raison voir note 1, p. 48.
  5. Le latin ajoute : « la raison ».