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sement. Et, au contraire, les Métaphores, avec les mots dépourvus de sens et[1] ambigus, sont [comme] des ignes fatui en les prenant comme base de raisonnement, on erre[2] parmi d’innombrables absurdités, et, l’aboutissant est la discorde, la sédition ou le mépris.

La Prudence et la Sapience, et leur différence. — De même que beaucoup d’Expérience est de la Prudence, beaucoup de Science est de la Sapience [ ; car, bien que d’habitude nous donnions le seul nom de Sagesse à l’une et à l’autre, les Latins pourtant distinguaient toujours entre Prudentia et Sapientia, attribuant la première à l’Expérience, la seconde à la Science]. Pour rendre plus claire cette différence, supposons un homme doué d’une disposition naturelle et d’une dextérité supérieures[3] pour manier ses armes, et, un autre qui aurait en plus de cette même dextérité une Science acquise de l’endroit où il peut frapper son adversaire ou bien de celui où son adversaire peut le frapper dans n’importe quelle position[4]. La capacité du premier serait à la capacité du second comme la Prudence est à la Sapience ; l’une et l’autre

    Science, la Méthode le chemin qui y va ». À la place de « gressus », on trouve « pace » en anglais. Variante du texte accepté : « place ».

  1. Le latin dit : « ou ».
  2. Au lieu : « en les prenant comme base de raisonnement, on erre » le latin dit : « celui qui s’y laisse aller erre ».
  3. Le latin dit : « doué naturellement d’une dextérité supérieure ».
  4. L’anglais dit : « posture or guard » ; je n’ai point traduit guard. Le latin dit « une science acquise des armes, par laquelle il aurait parfaitement appris comment, et, dans quelle partie du corps, il peut, dans n’importe quelle position, frapper son ennemi ou être frappé par lui ».