Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/13

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aussi par l'art de son style qui lui a assuré de tout temps l'admiration enthousiaste des poètes et des littérateurs, et, enfin, si notre indifférence à l'égard de Hobbes ne vient pas en somme de ceci :

D'abord, de ce qu'il repousse tous les artifices de séduction laissant voir comme à nu les procédés d'une incomparable dialectique dont la beauté faite seulement de rigueur réclame pour être goûtée une sévère discipline de l'esprit. Ensuite, de ce que vraiment il nous étonne, la lecture des autres philosophes ne nous ayant pas suffisamment accoutumés à concevoir que des pensées profondes peuvent s'exprimer sans obscurité. Avant d'essayer de faire partager une opinion en opposition formelle avec tout ce dont chacun a été nourri, il n'est pas inutile, je crois, d'observer que Hobbes est un auteur que personne ou à peu près personne ne cultive à notre époque. Si l'on en convient, et il ne semble pas que l'on puisse ne pas en convenir, car il s'agit d'un fait dont la matérialité est indéniable, on devra convenir aussi de ce que sont bien peu nombreux ceux que leur information personnelle autorise à accuser de parti pris ou d'exagération quiconque porte sur Hobbes un jugement qui n'est pas le jugement commun. Dans le procès actuel, c'est le jugement commun fait de parti pris qui doit inspirer la défiance, et non pas celui, pour isolé qu'il soit, dont on promet les arguments.

On doit reconnaître que dans sa patrie, Hobbes ne