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plaisir qu’elle cause, dans la production continuelle et inlassable de la Connaissance[1], dépasse[2] la courte violence de n’importe quel Plaisir charnel[3].

La Religion. — La Crainte d’une puissance invisible[4], qu’elle soit une fiction de l’esprit ou qu’on se l’imagine d’après des traditions publiquement admises est la Religion. — La Superstition. — Quand les traditions ne sont pas publiquement admises, c’est la Superstition. — La Vraie Religion. — Et, quand la puissance imaginée est vraiment telle qu’on l’imagine, c’est la VRAIE RELIGION[5].

La Terreur Panique. — La Crainte, lorsqu’on ne sait pas ce que l’on craint, ni pourquoi l’on craint est la Terreur Panique ; on l’appelle ainsi parce que, d’après la fable, Pan en serait l’auteur. À la vérité, dans le cas de terreur panique, il y a toujours en celui qui a eu peur le premier une certaine compréhension de la cause de sa peur, encore que ce soit à son Exemple

  1. Le latin dit : « qui jointe à la volupté perpétuelle et infatigable de la génération des connaissances ».
  2. Le latin ajoute : « de beaucoup ».
  3. Le latin dit : « des voluptés des sens ».
  4. L’anglais porte le singulier, le latin le pluriel.
  5. Dans l’Histoire du Matérialisme de Lange (Trad. Pommerol, 1877), je relève de ce passage la traduction suivante (Vol. I, page 493, note 24) : « La crainte des puissances invisibles, soit imaginaires, soit transmises par les histoires et acceptées par l’État constitue la religion ; quand l’État ne les a pas admises, il y a superstition. Quand ces puissances sont réellement telles que nous les avons reçues, c’est la vraie religion ». Page 255 du texte, la traduction de la première partie de la phrase est la suivante : « La crainte de puissances invisibles, imaginaire ou transmise par la tradition, s’appelle religion, quand elle est établie au nom de l’État ; elle s’appelle superstition, lorsqu’elle n’a pas une origine officielle ».