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celles d’une troisième personne], on a toujours considéré et on considérera toujours qu’il est très Mal de parler contre sa Conscience ou d’induire un autre à le faire [par la corruption ou par la violence ; et ceci au point que le témoignage de Conscience a toujours été et de tout temps écouté avec le plus grand soin]. Par la suite, les hommes ont usé, par métaphore, du mot Conscience pour désigner la connaissance de leurs[1] actes [secrets] et de leurs [secrètes] pensées [ ; et, c’est ainsi qu’on dit par figure de Rhétorique que la Conscience vaut mille témoins]. Finalement, il s’est trouvé des gens qui, ardemment épris (si absurdes qu’elles soient) de leurs nouvelles opinions et s’entêtant obstinément à les soutenir, ont aussi donné à ces opinions le nom vénéré de Conscience semblant vouloir que l’on considérât comme illégal d’y rien changer ou de parler contre elles ; ils prétendent ainsi les savoir vraies, alors qu’ils savent tout au plus que ce sont là leurs Opinions[2].

La Croyance. La Foi. — Quand un Discours ne commence pas à partir de Définitions[3], [il commence, soit à partir de quelqu’autre considération du

  1. Le latin dit : « Mais on use d’habitude du mot Conscience pour désigner la connaissance, secrète de ses… ses… ».
  2. À partir de : « Finalement… » le latin dit : « Et il en est aussi qui, par amour pour leur propre esprit, soutiennent obstinément leurs opinions particulières et nouvelles (bien qu’elles soient quelquefois absurdes) en leur donnant ce nom favorable de conscience, comme si, le plus grand péché pouvait être d’y porter changement. Ils veulent paraître savoir la vérité de leurs opinions, alors qu’ils ne savent qu’une chose, c’est que ce sont leurs opinions ».
  3. Le latin met le singulier.