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de leur succession, les changements morphologiques subis par l'animal qui est finalement devenu le cheval actuel. Il connaîtra ainsi l'histoire du cheval de la même façon que nous connaissons celle des événements qui ont agité un État, soit que nous ayons vu ses événements, soit qu'on nous les ait racontés, soit que nous les ayons lus dans les livres, soit en somme que de façon quelconque nous les avons appris. C'est à cette sorte de connaissance que Hobbes refuse le nom de Science, bien qu'elle en constitue le fondement[1].

Si l'on observe que la connaissance des causes et des effets réels ne saurait pouvoir, puisqu'elle n'est qu'une connaissance de faits, dépasser les limites du particulier et du contingent, on comprend de plano que définir la Science la connaissance des causes et des effets conçus possibles pose par cela même le déterminisme et la nécessité dont Hobbes formule le principe en des termes dont l'énergie n'a jamais été dépassée, fondant ainsi notre notion moderne de lois invariables et universelles qui est la base même de la Science.

Et de cette conséquence en résulte une autre. La nécessité et le déterminisme universels impliquent un enchaînement si étroit des phénomènes qu'il s'ensuit que la Science est une, les divisions que nous y apportons n'ayant d'autre valeur que celle de nous permettre de classer les éléments de notre savoir. Hobbes a-t-il

  1. Ce que nous appelons communément l'Histoire est un ensemble de matériaux dont l'élaboration aboutit à la Science sociologique. Notons aussi que l'on, entend de préférence par faits historiques des faits révolus connus par témoignages. Dans l'expression Histoire naturelle cependant, Histoire veut simplement dire un ensemble de faits.