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Sans doute Hobbes ne pouvait en son temps concevoir les choses de cette manière, mais en subordonnant toute connaissance générale à la préexistence d'une raison naturelle, il eut l'intuition de génie qui le sauva de l'erreur où tant d'autres après lui-sont tombés.

Spencer, en possession pourtant de la notion d'Évolution et se rendant exactement compte de ce qu'elle était la clef du problème de l'origine de la connaissance chez l'individu, ne réussit qu'incomplètement encore à résoudre ce problème lorsqu'il le reprit deux siècles plus tard. Son insuccès partiel vint précisément de ce que, moins perspicace que Hobbes des écrits duquel il était peut-être insuffisamment au courant, il ne sut pas distinguer aussi clairement que lui entre la connaissance elle-même et son indispensable instrument.

§ IV. ― Le but ou la fin de la Science. Son utilité.

L'étude de la Nature, dit Auguste Comte, est la véritable base de l'action que nous pouvons exercer sur elle, puisque de la connaissance des lois résulte que nous pouvons prévoir les phénomènes et que cela seul évidemment permet d'essayer de les modifier à notre avantage. « Science d'où prévoyance, prévoyance d'où action. Telle est la formule très simple qui exprime d'une manière exacte la relation générale de la Science et de l'Art »[1].

Comte cependant se défend de considérer la Science

  1. Auguste Comte : Cours de Philosophie positive, leçon 2.