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en dérive et en dépend. Enfin, dans cet ordre de spéculation, il dépasse souvent nos sociologues modernes : il a vu par exemple, ce qu'Auguste Comte n'a pas su voir, qu'expliquer l'origine des sociétés humaines par cette sociabilité de l'Homme dont depuis Aristote on s'était toujours contenté est antiscientifique et se payer de mots ; en dépit de sa fiction du Léviathan, animal artificiel créé par l'art humain (fiction si souvent mal comprise, mais dont le seul mot artificiel explique clairement le sens), il n'est pas tombé non plus dans cette erreur commune, vestige dans nos esprits modernes de l'hylozoisme antique, de voir les sociétés, les états comme des organismes qui naissent se développent et meurent suivant un cycle comparable à celui de l'existence des individus ; il a su y reconnaître des institutions humaines que l'homme qui juge et délibère établit et modifie suivant ses besoins, perfectionne quand il en est capable et parfois, quand il juge mal, ce qui trop fréquemment arrive, laisse péricliter… Je m'en tiendrai là voulant limiter cette étude à l'examen de points de vue très généraux.

En résumé, le bilan de l'œuvre de Hobbes théoricien de la connaissance scientifique peut se clore de la façon qui suit :

Il a ramené la Philosophie à la Science. Il a assigné à cette dernière pour seul et unique objet les corps et leurs accidents, c'est-à-dire les données de l'observation et de l'expérience, en éliminant ainsi la Théologie et la Métaphysique. La philosophie est déjà pour Hobbes purement et simplement la Physique.

Il a défini la Science, la connaissance des effets et des causes non pas réels mais possibles des phénomè-