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lent à leur mémoire[1] [quand elles sont passées], et aussi s’en font part les uns aux autres pour leur utilité mutuelle et la conversation. Sans le langage, il n’y eût eu parmi les hommes ni État[2], ni Société, ni Contrat[3], ni Paix, non plus que parmi les Lions, les Ours et les Loups. Le premier auteur du Langage fut Dieu lui-même qui apprit à Adam comment nommer les créatures qu’il offrait à sa vue[4]. L’Écriture en effet n’en dit pas plus à ce propos. Mais, il suffisait de cela pour suggérer à l’Homme d’augmenter le nombre des noms à mesure que[5] l’expérience et l’usage des créatures lui en donnait l’occasion[6] et [pour lui suggérer aussi de] les joindre peu à peu de manière à se faire comprendre et, c’est ainsi qu’il put acquérir au cours des temps un langage aussi abondant qu’il était nécessaire pour son usage, quoique non si copieux, cependant que celui dont un Orateur ou un Philosophe a besoin. Je ne trouve rien en effet, dans l’Écriture dont on puisse conclure immédiatement ou par déduction que furent enseignés à Adam les noms de toutes les Figures, de[7] tous les Nombres, de toutes les Mesures, de toutes les Couleurs, de tous les Sons, de toutes

  1. Le latin dit : « revocari in memoriam » ; recall en anglais.
  2. Commonwealth, en anglais ; Respublica, en latin.
  3. Contract, en anglais ; Pactum, en latin.
  4. Le latin dit : « Le premier auteur du langage fut Adam qui nomma les créatures que Dieu présentait sa vue ».
  5. Le latin dit : « Mais il n’en fallait pas davantage en ce temps. Car l’homme put de semblable manière donner d’autres noms aux autres choses à mesure que… ».
  6. Le latin dit : « le réclamait ».
  7. Le latin dit « qu’Adam eut donné des noms aux différentes figures, à… à… etc… ».