Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/4

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Jules Hoche, je vous jure que tel fut à son début, — c’est-à-dire au moment où l’équipage révolté du Samarang nous débarqua en plein archipel de la Sonde, — le schéma très simpliste de notre fantastique histoire[1].

Notez d’ailleurs qu’une tranche de mer, dans les parages de la ligne, ressemble exactement à une tranche de mer à Marseille, et qu’il ne faut pas, sous n’importe quelle latitude, attendre de l’Océan un effet neuf, à moins que l’on ne soit fermement décidé à le tirer de soi-même. Car seul notre dépaysement magnifie ou dégrade les choses, et les décors ne valent que par ce que nous y mettons. Moi je n’y mettais rien, de parti pris, et mon état d’âme ressemblait à peu près à celui du marin-amateur louvoyant entre Nice et Beaulieu.

  1. À mon tour j’éprouve le besoin de déclarer que ma sténographie reproduit assez fidèlement le récit de mon ami Maurice d’Autremont ; je me suis attaché même à lui conserver la forme chère au narrateur, une sorte de pédale continue d’humour qui désaffecte les mots, brasse superbement le sentiment et l’ironie, silhouette du même trait fin, précis, l’énorme et l’infiniment petit, les apparitions les plus insolites ou les plus banales, et ce tout en se jouant à soi-même le bon tour de conserver, au sein de situations véritablement hallucinantes, une relative impassibilité.
    (J. H.).