Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/101

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traîné par un vieux buffle asthmatique ; enfin le gros de la troupe comprenant ma femme et moi, le chef Pur et quatre de ses congénères, tous montés sur de petits poneys originaires de l’île. Bêtes charmantes, ces poneys, à peine plus hautes que des chiens de montagne, fines, intelligentes, à l’œil espiègle, « mais dont l’espèce s’éteint de jour en jour », m’ont confié les Purs sur un ton indifférent d’êtres absolument fermés, et pour cause, aux mystères de l’amélioration et de la reproduction des espèces.

La question de faire le voyage par mer avait été agitée un instant, mais les nombreux récifs de la côte nord eussent rendu l’atterrissage par trop périlleux. Au reste ma femme n’était nullement tentée de revoir le canot qui avait porté notre destin d’avant la lune de miel, et moi-même je m’étais empressé de céder gracieusement à nos amis et sauveurs ce témoin de notre défunte mésintelligence.

Notre itinéraire définitif, tracé d’avance, comportait trois étapes de trois journées ; son tracé passait au cœur même de la forêt et devait atteindre à la fin du troisième jour les limites du territoire divin, c’est-à-dire le pied du massif le plus élevé de l’île. Là nous nous séparerions de nos guides, car l’accès de la Résidence