Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il que vous ne vous inquiétiez pas davantage de savoir qui étaient ces êtres et d’où ils venaient ?

Rappelez-vous, cher ami, les paroles de l’Ecclésiaste : il y a un temps pour tout, et ne perdez pas de vue les exigences d’une lune de miel en retard de plusieurs mois sur les prévisions du code et des usages. J’étais si heureux d’avoir conquis enfin ma femme, et Yvonne elle-même avait un si considérable arriéré de félicités à récupérer ! À défaut d’autres raisons celles-ci suffiraient à justifier notre mutuelle insouciance. Mais nous en avions d’autres.

La plus déterminante reposait sur le caractère même des Purs, peu sociable, taciturne à l’excès, dépourvu de tout liant, j’allais dire impersonnel comme eux. Je crois qu’ils ignoraient la solidarité et tous les sentiments qui en dérivent. Même entre soi, ils s’abordaient et se quittaient sans un geste, sans un mot aimable. D’ailleurs ils gesticulaient et parlaient le moins possible et ne souriaient jamais. De sorte qu’on n’eût pu dire s’ils étaient heureux, et peut-être en réalité ne l’étaient-ils point en dépit du proverbe concernant les peuples sans histoire. Celui qui nous apportait notre nourriture et qui n’était peut-être pas toujours le