Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/7

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contraint mes parents, mais à une seule condition, c’est que vous ferez toujours toutes mes volontés et que jamais vous ne me demanderez de vous aimer.

J’acquiesçai, lui laissant supposer que ma façon de comprendre nos devoirs réciproques n’était pas trop éloignée de son idéal de poupée sans cœur. Au reste elle pouvait me mettre à l’épreuve. Vous pensez qu’elle ne se fit pas prier. Et c’est ainsi qu’elle m’imposa sans hésitation ni remords, à moi qu’elle savait obsédé par un rêve de définitif repos en pantoufles, l’insipide corvée d’un voyage de noces en Extrême Orient.

Là où je l’admirais pourtant à présent, c’est que les choses ayant mal tourné, notre situation devenue presque critique, elle sût rester indifférente, stoïque, moins préoccupée des transes qu’elle devait certes ressentir que de celles qu’elle pensait m’infliger, et sans céder à l’envie, naturelle chez les femmes qui ont quelqu’un à tyranniser, de rejeter sur moi la responsabilité de ses fautes personnelles.

Remarquez, cher ami, que je suis de votre avis, j’estime que certaines femmes sont des créatures exquises, qu’il faut aimer tant qu’on peut, tout en se gardant de trop le leur faire