Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/77

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savant avait trouvé le secret de la genèse artificielle, de la procréation spontanée ; il avait fabriqué un certain nombre d’échantillons humains, les avait fait élever tant bien que mal puis s’en était désintéressé, comme tout créateur de génie se désintéresse de l’œuvre créée, une fois qu’elle est accomplie. Quant aux Immondes, sans doute n’étaient ils qu’un essai raté, un premier tâtonnement, un accident indépendant de sa volonté.

— Oui, c’est cela, goguenardait Yvonne en cet endroit de nos échanges de vues, un accident ; quelqu’un aura renversé la marmite génésique…

Et elle ne se doutait pas à quel point, toutes proportions gardées, elle brûlait. Tout en devisant ainsi nous avions gravi une sorte d’éperon rocheux qu’on nous avait désigné la veille comme offrant une vue d’ensemble du Val-Immonde.

— En tout cas, reprit-elle soudain, si les Immondes n’existaient pas il faudrait presque les inventer ici, à cause des services qu’ils rendent. Tiens, regarde…

Le vallon que nous avions sous les yeux était à peu près parallèle au nôtre et arrosé d’un torrent écumeux, affluent sans doute de notre