Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/82

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Nous passâmes au long de quelques huttes isolées, temporairement inoccupées et dont l’ouverture trapue et gondolée béait sur un intérieur fuligineux. Ces réduits primitifs faits de chaume et de roseaux poussaient, telles des excroissances, au bord d’un bras d’eau morne, silencieux, parmi les racines des palétuviers dont le rapide développement finirait certes par les pousser à l’eau. Quelques-uns déjà semblaient avoir subi ce sort, car elles flottaient positivement sur les faisceaux de bambous qui leur servaient de support. En certains endroits l’eau avait tari et la hutte reposait simplement sur la vase, ou s’incrustait aux troncs surbaissés des Rhyzophores.

La plupart de ces entre-sorts aquatiques servaient d’habitacle à une sorte de pieuvres toutes petites et hideuses et dont nous vîmes à plusieurs reprises les embryons de têtes et les pseudopodes crochus issir d’entre les roseaux des toits et des flotteurs. Étaient-ce les véritables propriétaires ou simplement des hôtes de passage ? Au seuil d’un de ces clapiers flottants, infiniment vétuste, pourri et délabré, nous assistâmes par hasard à un spectacle qui tranchait la question sans laisser place au moindre doute. Un Immonde écailleux, cornu, à face de crabe,