Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/85

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verdâtre, et un tas non moins écœurant de quartiers de serpents ou de poulpes découpés et dépouillés. Il prenait les morceaux un à un, les trempait dans la gelée, puis se les enfonçait dans une dépression circulaire qu’on voyait au centre de son abdomen, nombril, bouche ou émonctoire, on ne savait, tant la forme en était abjecte. La dépression se creusait en entonnoir, et l’aliment s’enfonçait dans la chair qui se refermait sur lui. Un système de digestion et de nutrition rapide et commode sans doute, mais qui rappelait trop la bouche-cloaque des Monères primitives.

— Et cependant, observa ma femme, toujours prompte au paradoxe, qui sait si un appareil digestif aussi simple acquis à l’homme, ne libérerait pas ses facultés intellectuelles de l’éternelle tyrannie du ventre.

J’allais protester au nom de mon cerveau stomacal que je tiens pour aussi intéressant, sinon aussi noble que l’autre quand Yvonne me poussa du coude. Au seuil d’une autre tanière deux falotes créatures se dandinaient face à face. Elles se rapprochèrent l’une de l’autre, et il y eut entre elles un moment d’hésitation, de solennel émoi, que traduisaient les trépidations grotesques de leurs tentacules. Puis, elles