Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rives escarpées à quatre ou cinq milles, dans les parages de la Ligne, par 90° de longitude est, c’est-à-dire sur la grande route parcourue par les courriers australiens. On nous laissait l’alternative de bourlinguer là au petit bonheur en attendant le premier paquebot qui passerait, ou de gagner la petite île X. où des colons français étaient établis depuis plusieurs années, qui ne manqueraient pas de faire bon accueil à deux de leurs compatriotes…

Tout cela évidemment ne représentait pas une situation désespérée, mais vous m’accorderez qu’il n’y avait pas non plus de quoi voter des félicitations au démiurge qui tenait les fils de notre destin. Depuis plus d’une heure que je manœuvrais les rames nous progressions rapidement sur une mer étale, et l’île X. n’était plus maintenant qu’à une portée de fusil ; le spectacle de ses rives qu’on eût dit peintes par un maître paysagiste venait même d’arracher un cri d’admiration à ma femme. C’est alors qu’habitué déjà à me défier de ses enthousiasmes je lâchai les avirons pour me retourner et contempler le tableau à mon tour. Vraiment, le coup d’œil était ravissant.

On eût dit qu’un rideau mystérieux venait de se lever sur un décor de féerie ; une grève basse