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était insurmontable. Sévérus eut le gouvernement de la Bithynie, en récompense de ses succès.

En l’an de J.-C . 135 (888 U. C.), Adrien était de retour à Rome , qu’il ne quitta plus que pour le séjour de sa villa de Tibur, où il avait retracé les souvenirs de ses voyages et rassemblé les merveilles de ses États. Cette fantaisie impériale, album dessiné à grands traits par un homme qui possédait le monde , contenait dans sa vaste en- ceinte le Lycée , l’Académie , le Prytanée , le Pé- cile, le temple de Canope, la vallée de Tempe, les champs Élysées, le Tartare. Des temples, des bibUothèques , un théâtre, un hippodrome, une naumachie , un gymnase, des thermes, y renfer- maient im si grand nombre de chefs-d’œuvre, qu’a- près quinze siècles d’abandon et de pillages on exhume chaque jour de leurs ruines, depuis deux cents ans , des statues , des bas-reUefs , des mo- saïques, dont se parent les plus célèbres musées de l’Europe. C’est de cette retraite qu’Adrien pré- sidait aux embellissements de Rome (1), réparait la basilique de Neptune, le forum d’Auguste, le grand Cirque, les thermes d’Agrippa; jetait sur îe Tibre le pont qui porte son nom, et préparait à ses cendres l’immense mausolée qui sert aujour- d’hui de forteresse à la ville. De là il fondait l’A- thénée, encourageait les lettres, favorisait la re- prise des études en exemptant des charges mu- nicipales les professeurs de philosophie , de rhé- torique et de grammaire; en les dispensant de l’entretien des gymnases, des sacerdoces oné- l’eux, des directions responsables, du service militaire (2). Il y reçut aussi les ambassadeurs que Vologèse et les lazyges lui envoyèrent ; mais, toujours prêt à parer sa conduite des dehors d’une déférence envers les sénateurs qu’il est permis de croire peu sincère, il conduisit ces étrangers devant le sénat, et n’accepta la mission de leur répondre que sur la prière qui lui en fut laite par cette assemblée. Quant au roi Pharas- luauC; qui vint également le trouver, il augmenta ses États, lui permit de sacrifier au Capitole, lui fit dresser une statue équestre ; puis, par une de ces bizarreries qui étonnent peu de sa part, il fit paraître dans le chque trois cents condam- (i) Ce n’pst pas Rome seulement, mais l’Italie tout entière, qu’a différentes époques Adrien embellit ou dota de monu- ments d’utihté publique. Spartien nous apprend qu’il donna un écoulement aux eaux du lac Fucin, ou, plus probablement, qu’il rétablit l’émissaire creusé par Claude. Selon l-’auàanias, il fit creuser un port à l’ancienne Sybaris, entre BruKles et Hv- drunte. Une inscription trouvée à Montepulciano lui attribue la restauration de la via Cassia depuis Cbiusi jusqu’à Florence : VIAM. CASSIAJM. VETVSTATE. COLLAPSAM. A . CLVSINO- RVM. FINIBVS. FLOREKTtAM. PERDVXIT . MILHA. l’AS- «VVM. XXCX. I Gruler, clvi, 2). Une autre inscription décou- verte près de Nice nous indique le rétablissement d’une autre voie : VIAM. IVLtAM. AVG. A FLVMINE . TREBiA. QVJE. VETVSTATE. INTERCIDERAÏ. SVA. PECVrUA. RtSTITVlT. (iMaffei, Mus. Veron., ccxxxi, 5). U en est de même pour la ville de Suessa: VIAM. SVESSAN.S. MVNIClPiBVS. SVA. PE - CVNIA. FECtT ’ Grut., CLi, ’6). A Cupra mfirilima, il avait rétabli le temple de la déesse du lieu : MVNtFICENTIA. SVA. TEMPLVM. r>EJE. CVPR/E RESTITVIT. (Orelli, i8d2). Les habitants de Feruli dans la Sabine (Murât,, ccxxxiir, 4;, ceux il’OsIic ( Grut., ccxLix, 7 ), de Teano ( Grut., ibid., 2 ), de Sor- lente ( iMorcelli , De Sttlo inscr., t. I, p. S; ), de l’ouzzoles (Murât,, ccxxxiit, 2), etc., nous ont laissé des inscriptions par lesquelles ils renilent grâces à Adrien de ses bienfaits à l’égard de leurs municipes. izj Die., XXVII, t. I, 1. VI. nés, revêtus des casaques d’or dont ce prince lui avait fait présent. Vers l’époque 3Ù nous voici parvenus (fin de l’année 135), A rien, éprouvant les premiers symptômes de l’hydi’opisie qui devait l’enlever adopta ^Elius Vérus, homme faible, maladif, que sa nullité seule recommandait à ses yeux; car, ainsi que le dit Spartien , il avait pris en haine, tous ceux auxquels leurs qualités avaient valu l’affection du sénat. En faveur de cette adop- tion , il fit de grandes dépenses , célébra des jeux, distribua un congiaire au peuple , un donatif aux soldats; et à peine ces fêtes étaient-elles ache- vées, que la santé du nouveau César, devenue encore plus chancelante , annonçait une fin pro- chaine; aussi Adrien dit-il plus d’une fois : « Nous nous sommes appuyés sur un mur qui vacille, et nous avons perdu quatre cent millions de ses- terces. « Cependant l’empereur lui-même deve- nait pLis souffrant chaque jour; des hémorragies fréquentes avaient amené une hydropisie décla- rée, et la violence du mal exaspéra son égoïsme jusqu’à la cruauté. Ce fut d’abord dans la su- perstition qu’il chercha des remèdes. Deux ins- criptions nous apprennent, l’une que l’Augura- torium fut alors rétabU à ses frais ; l’autre , que trois livres d’or et deux cent six hvres d’argent furent consacrées à la statue de Junon Sospita à Lavinium (1) : des mages étaient consultés , des chrétiens livrés au supplice (2). Mais les dieux restaient sourds; et, ne pouvant racheter sa vie, Adrien eut moins d’égards que jamais pour celle des autres. Sabme, sa femme, périt par le poison; Servien, son beau-frère, âgé de quatre-vingt-dix ans , fut mis à mort , sous prétexte qu’il avait désapprouvé l’adoption d’.Mius Vérus; et son petit-fils Fuscus, malgré ses dix-huit ans, fut enveloppé dans la même condamnation. Dion rap- porte qu’au moment de périr, Servien se fit ap- porter du feu, et, y ayant jeté de l’encens, adjura les dieux en les prenant à témoin de son inno- cence, et leur demandant pour toute vengeance que l’empereur implorât un jour la mort sans pouvoir l’obtenir. Ses vœux furent exaucés. Adrien , qui venait d’adopter Antonin à la place de Vérus , mort après avoir porté dix-huit mois à peine le titre de César, éprouva bientôt de telles souffrances, qu’il voulut renoncer à la vie. Il demandait sans cesse du poison , un poignard ; et comme on les lui refusait, il fit venh un gla- diateur auquel il ordonna de le frapper sous la mamelle, à la place que son médecin Hermogènej lui avait désignée comme la plus favorable à une mort sans souffrance. Trompé cette fois dans son espoir, car le gladiateur s’était dérobé par la fuite à de nouvelles instances, Adrien se rendit (r) Voyez Gruter, 128, 4; et Muratori , 147- 5. (2) Voyez le martyre de sainte Symphorose et de ses sept fil! à Tibur ( ap. Ruiiiart.^cf. Mart.. in-f», p. zS ). C’est probable- ment à celte même époque qu’il faudrait rapporter une ins- cription trouvée dan.s les catacombes, si elle est authentique, et où on lit : TEMPORE HADRIAKI IMPERATORIS MARIVS ADOLESCENS VITAM PRO CBO CVM SAiNGVINE COM’ SVNSIT. (Boldeiti, Osserv, sopra i Cimiteri, p. 233).