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Uànecdotique des professions en France depuis le treizième siècle jusqu’à nos jours; l re livraison : Les Barbiers-perruquiers-coif-

feurs; Paris, 1843, in-8°
l’ouvrage n’a pas été

icontinué; — Les Prisons de Paris, par un ancien détenu; Paris, 1843; — Traité de Chimie agricole, à la portée de tous les cultivamurs ; Beaune, 1845, in-12; — Traité des ’{Amendements et des Engrais; Paris, 1848, in-16; — Organisation du travail agricole; Paris, 1848, in-18; — La Chimie du Cultiva-Heur ; Paris, 1849, in-12; — Almanach d’un ’Paysanpour 1850; Paris, 1849, in-16; — Instructions agricoles; Bruxelles, 1858, in-18. Directeur delà Revue Agricole et Industrielle de la Côte-d’Or en 1848, ainsi quedu Vigneron des deux Bourgognes, il fonda, en 1849, à Paris la Feuille du Village, journal politique hebdomadaire. Il a été en outre un des rédacteurs de Y Almanach Républicain pour 1849; il a | pris part à la rédaction de la Revue Critique > et il a été un des collaborateurs des Français I sous Louis XIV et Louis XV. L. L— t. I Lesaulnier, biographie des 900 Députés à l’Assemblée ’ nationale. — Biographie des 750 Représentants à l’Assemblée législative.— Moniteur, 1848-1852. — Boiirquelot j et Maury, l.a Liltér. franc, contemp.

JOINVILLE, Jean (sire de) célèbre historien, français, né en 1224, au château de Joinville, dans le diocèse de Chàlons-sur-Marne, de Simon, sire j de Joinville, et de Béatrix, fille d’Etienne II, comte de Bourgogne. L’inscription placée sur son tom- | beau indique qu’il est mort en 1319 ; il aurait donc l vécu quatre-vingt-quinze ans. Sa famille , l’une des plus illustres et des plus anciennes de la Champagne, descendait directement et en ligne masculine de Godet’roy de Bouillon ; elle était i alliée aux comtes de Châlonset de Bourgogne, et I aux dauphins de Viennois. La mère de Join- • ville était cousine germaine de l’empereur d’Allei «îagne Frédéric II. Plusieurs des ancêtres de I Joinville s’étaient distingués aux croisades (1). Élevé à la cour élégante et littéraire des •comtes de Champagne, Joinville fut attaché dès (1) L’aïeul du sire de Joinville , le sénéchal de Champagne Geoffroi IV, surnommé le Jeune, se signala dans les guerres de son temps, et partit pour la croisade en 1190, avec ses deux fils, Geoffroi, dit Trouillard et Simon. 11 mourut l’année suivante, sous les murs de Saint-Jeand’Acre.

Geoffroi et Simon se distinguèrent tellement dans cette croisade, que Philippe-Auguste, lorsqu’il quitta la Terre Sainte, leur confia une partie de ses troupes, qui réunies a celles de Richard, roi d’Angleterre, firent la conquête de plusieurs villes. Geoffroi mérita à tel point l’estime de Richard, que ce roi, la terreur des Sarrasins, lui octroya, comme preuve éclatante de son amitié, le droit de partir son écusson des armes d’Angleterre. Les deux frères, après être restés cinq ans en Palestine, revinrent en France; mais l’aîné des deux, Geoffroi dit Trouillard , sire de Joinville et sénéchal de Champagne, repartit en 1201 pour- la Terre Sainte, où il mourut, sans postérité, en 1204. Son frère Simon lui succéda dans tous ses titres,droits et honneurs, et retourna eu 1218 dans la Terre Sainte avecâeande Brienne. H assista à la prise de Damiette, et mourut en 1233, iaissant pour héritier son fils Jean, le sire de Joinville, alors âgé de sept à huit ans.

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son enfance à son seigneur le comte de Champagne , Thibaut IV , voi de Navarre , à la fois poète et musicien. C’est au goût des lettres et à l’élégance d’esprit et de manières qui régnaient à cette cour que l’on doit attribuer le développement des heureuses qualités qui firent, jeune encore, distinguer Joinville par saint Louis; c’est aussi à l’habitude qu’il y prit de bien parler et de bien écrire que nous sommes redevables du précieux monument historique où il nous raconte la célèbre et désastreuse croisade dans laquelle il se distingua (1).

En 1231, à l’âge de sept ans, Joinville fut fiancé à Alaïs de Grand-Pré; mais, soit qu’un passion amoureuse lui fit préférer la fille du comte de Bar, soit que Joinville, devenu titulaire et possesseur de la sénéchaussée de Champagne par la mort de son frère, eût recherché un hyménée dans la puissante famille du comte de Bar, il voulut renoncer à ses fiançailles avec Alaïs ; mais son seigneur Thibaut, craignant peut-être d’avoir en Joinville un vassal devenu trop puissant, exigea, par un acte authentique, auquel il fit intervenir Béatrix , la mère de Joinville, que ce projet fût abandonné (2).

Joinville raconte qu’il assista à une grande cour tenue par Louis IX à Saumur, et qu’à cette fête il tranchait devant le roi de Navarre, son seigneur, mais qu’il n’avait pas encore pris le haubert (3). Il nousdit qu’à la bataille de Taillebourg, en 1242, il ne put combattre, n’ayant pas encore haubert vestu (4).

En 1244, une irruption d’Allemands menaçait le moustier de Mâcon. Le cousin de Joinville , Brandon, le vint chercher ainsi que son frère : « Nous allâmes avec lui, dit Joinville, et leur courûmes sus les épées nues, et à grand’ peine les chassâmes du moustier. Quand ce fut fait, le prud’homme ( Brancion) s’agenouilla devant l’autel, et cria à Nostre-Seigneur à haute voix : « Sire , je te prie de prendre pitié de moi et « m’oster de ces guerres entre chrestiens, et « m’octroyer de mourir à ton service pour pouce voir avoir ton règne en paradis (5). » Cl) C’est à ce même développement littéraire qu’on avait dû, un siècle auparavant, le récit de la croisade dont le maréchal de Champagne, Geoffroi de Ville-Hardoin, fut le chef et l’historien.

(2) Par l’acte où le comte Thibaut donne son consentement au mariage de Joinville et d’Alaïs, on voit qu’elle n’apporta en dot que trois cents livres ou livrées de terre, monnaie de Paris.

(3) Cette assemblée, selon Guillaume de Nangis, auteur contemporain, eut lieu en 1241. Joinville aurait eu alors dix- sept ans.

(4) On ne revêtait la cotte d’armes de chevalier qu’à vingt-et-un ans.

(5) Son vœu fut exaucé plus tard. Brancion méritait en effet ce titre de prud’homme. Joinville, après avoir raconté dans ses mémoires les prouesses de lîrancion en Egypte et celles qu’il fit la veille de la bataille de La Massoure, ajoute : « Et ainsi eschappa le sire de Brancion ; et de vingt chevaliers qu’il avoit avec lui, il en perdit douze sans ses aultres gens d’armes : et loi-iuême fut si maltraité que oneques ne put se tenir sur ses pieds, et mourut de cette blessure au service de Dieu». .