Page:Hoefer - Biographie, Tome 30.djvu/483

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et assez futiles, offrent quelque intérêt : d’abord elles montrent des formes de versification variées, et sont une preuve nouvelle que la langue du quatorzième siècle était plus claire, plus nette et plus souple que celle des deux siècles suivants ; ensuite elles ne manquent ni d’élégance ni de naturel. Les Chansons, Ballades et Rondeaux de Jehannot de Lescurel ont été publiés pour la première fois par M. de Montaiglon ; Paris (Bibliot. Elzev.), 1855, in-16.

N.

A. de Montaiglon, Préface de l’édition de Lescurel.

LESCUYER de l’Isle, troubadour du treizième siècle ; on ne connaît de lui qu’une pièce de vers, où il déclare qu’il renonce à celle qu’il aimait, puisqu’elle a abandonné l’honneur.

G. B.

Raynouard, Choix de Poésies des Troubadours, t. V, p. 18 et 139.

LESDIGUIÈRES (François de Bonne, duc de), maréchal de France, né à Saint-Bonnet de Champsaur, le 1er avril 1543, mort à Valence, le 28 septembre 1626. Sa famille était ancienne, mais pauvre. Il perdit son père de bonne heure. Un oncle se chargea des frais de son éducation. Sa mère le destinait au barreau, et l’envoya au collège d’Avignon, sous la conduite d’un précepteur, qui, lui voyant de l’inclination pour l’état militaire, se garda de contrarier ses goûts. Lorsqu’il eut achevé ses humanités, le jeune Lesdiguières vint à Paris, où il devait suivre les cours de droit. La mort de son oncle lui ayant rendu toute liberté, il retourna aussitôt dans le Dauphiné, et s’engagea comme simple archer. Son précepteur lui avait inculqué les opinions réformées, et Lesdiguières les avait embrassées avec tant d’ardeur qu’il parvint à son tour à convertir sa mère. Quand la première guerre de religion éclata, il entra dans une bande de protestants comme enseigne, et se fit remarquer au siège de Sisteron et à la bataille livrée sur les bords du Drac, qui délivra Grenoble. Il reçut alors le grade de guidon d’une compagnie de gendarmes. Il contribua encore à la prise de Gap. À la paix, il se retira auprès de sa mère, et épousa quelque temps après, en 1566, Claudine de Béranger. Sachant que les Gapençois marchaient pour le surprendre, il leur tendit une embuscade, les battit, se saisit de plusieurs places, traversa le Rhône, revint dans le Dauphiné, et assista à la bataille de Moncontour, sous les ordres de Montbrun. Après cette défaite, Lesdiguières se retira à Corps, où il se maintint jusqu’à ce que Montbrun pût le dégager. La paix conclue, Lesdiguières vint assister au mariage du roi de Navarre. Son ancien précepteur l’avertit du piège tendu aux protestants ; il en fît part au roi de Navarre, qui le rassura. Par bonheur une maladie de sa femme le rappela dans le Dauphiné, et il échappa ainsi au massacre de la Saint-Barthélémy. Dès le printemps suivant, il reprit les armes, et enleva plusieurs places aux catholiques. En 1574, il fit lever le siège de Livron au maréchal de Bellegarde. Il succéda à Montbrun, après la mort de ce chef des huguenots, et en 1576 il surprit Gap et d’autres places. Il refusa de se soumettre aux conditions de la paix de Poitiers, qui ne laissait que Serres et Nions aux protestants. Henri III envoya Mayenne dans le Dauphiné. Lesdiguières perdit quelques places, et battit une division de l’armée catholique. L’année suivante il se mit à la tête d’un soulèvement de paysans, soulèvement plutôt politique que religieux. Ne voyant pas arriver les secours que le prince de Condé avait promis de lui envoyer d’Allemagne, Lesdiguières renoua des négociations avec la cour, et il posa les armes après avoir obtenu, par un traité signé au Monestier de Clermont, que les huguenots garderaient, outre Nions et Serres, Gap, La Mure, Livron, Die, Pont-de-Royan, Pontaix et Châteauneuf. La guerre s’étant rallumée en 1585, Lesdiguières assembla une petite troupe, s’empara de Montélimar, Chàtillon, Embrun, etc., entra en Provence, où il fit éprouver des pertes aux ligueurs, et en délivra le château d’Allemagne. Revenu de Provence, il se tint d’abord sur la défensive ; mais en 1587 et 1588 il remporta de nouveaux avantages. Le 14 août 1588, il conclut une ligue offensive et défensive avec La Valette. Bientôt il courut à la défense de Bourg d’Oysans, et attaqua vainement Maugiron, qui en faisait le siège. Il retourna dans le Valentinois, échoua devant Marsanne, et emporta une foule d’autres places. Le vice-légat, effrayé, se hâta de signer une trêve. Après la mort de Henri III, Alphonse d’Ornano, que les ligueurs avaient chassé de Grenoble, s’allia à Lesdiguières, le 13 septembre 1589. Tous deux entreprirent le siège de Grenoble, qu’ils durent ensuite abandonner. Lesdiguières resta l’hiver à Gap, et perdit Montbonnot et le fort de Gière ; en revanche il s’empara de Briançon, passa en Savoie, où il emporta Barcelonnette et prit les forts Saint-Paul de Barles et d’Exilles. S’étant rapproché de Grenoble, il s’empara de cette ville par trahison pendant une nuit obscure ; la lutte s’engagea dans les rues, et les catholiques restèrent maîtres du pont de l’Isère et de la moitié de la ville ; ils ne capitulèrent qu’au bout de trois semaines, le 1er mai 1591, à la condition que le culte catholique serait maintenu à Grenoble, et que le parlement et la chambre des comptes y seraient rétablis. Un envoyé de Lesdiguières vint annoncer à la cour cette victoire, et demanda pour son maître le gouvernement de Grenoble. Le conseil du roi repoussa cette demande, s’étonnant qu’un huguenot osât prétendre à un emploi aussi important : « Avisez alors au moyen de le lui ôter, » répondit fièrement l’envoyé. Le commandement resta à Lesdiguières. Celui-ci retourna en Savoie, prit Les Échelles, et accourut en Provence au secours de La Valette, menacé par une invasion de Savoisiens. L’armée du duc de Savoie fut battue à Esparron. Lesdiguières retourna ensuite dans le Dauphiné, battit les Savoisiens au