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traduit en français (Lyon, 1553, in-8o), par N. Edoart. Ses ouvrages de controverse sont les suivants : Ad articulas Calvinianæ, de sacramento Eucharistie, traditionis, ab ejus ministris in Francia Antarctica evulgatæ responsiones ; Paris, 1560, in-4o’: c’est à la fois une apologie de sa conduite au Brésil et une réfutation de la doctrine de Calvin et du ministre Richer sur l’Eucharistie ; Richer y répondit dans ses Apologetici libri ; Genève, 1561, in-4o ; — De Cœnæ controversiæ Melanchthonis judicio ; Paris, 1561, in-4o ; — Responce aux remonstrances faictes à la Reyne mère ; Paris, 1561, in-4o ; — Responce aux libelles d’injures publiés contre lui ; Paris, 1561, in-4o ; — Propositions contentieuses entre Villegaignon et J. Calvin, contenant la vérité de l’Eucharistie ; Paris, 1562, in-4o ; — De consecratione mystici sacramenti adversus Vannium ; Paris, 1569, in-4o.

N. Barré, Discours sur la navigation de Villegagnon en Amérique ; Paris, 1333, In-g ». — Navigation de Villegagnon, en 1555, Paris. 1557, in-8o. — Thevet, Singularités de la France antarctique. — J. de Lery, Hist. d’un voyage fait en la terre du Brésil, etc. ; La Rochelle, 1578, in-8o. — Régnier de la Planche, Hist, de France sous François II. — De Bèze, Hist. ecclés., liv. II. — De Thou, Hist. sui temp., liv. V et XVI. — Niceron, Mémoires. t. XXVi. — Bayle, Dict, hist. et crit. — Haag fréres, France prot.

VILLEGAS (Esteban-Manuel de), poète lyrique espagnol, né en 1596, à Najera (Vieille-Castille), mort le 3 septembre 1669. Né de parents pauvres, il fit son éducation en partie à Madrid, en partie à Salamanque, où il se perfectionna dans l’étude des lois. Son talent paraît avoir été des plus précoces, car il publia dès 1617 une édition de ses poésies (las Eroticas ; Najera, in-4o), qu’il se vante d’avoir composées pour la plupart à l’âge de quatorze ans. Marié au plus tard en 1626, il renonça à peu près complètement à la culture des lettres, pour se livrer à l’exercice de sa profession, seul moyen de subvenir à l’existence de sa famille. Il trouva néanmoins le temps de publier un certain nombre de dissertations sur les auteurs classiques, et de faire des additions au code Théodosien. En 1665, accablé de maltieurs et de dégoûts, il traduisit pour se consoler le livre de Boèce, et fit de cette version (fort remarquable dans sa partie versifiée) un modèle de prose castillane. Il mourut à soixante-treize ans, toujours pauvre et sans appui. Il espérait mieux de la vie, à l’époque où, dans l’ivresse de la jeunesse, il s’annonçait comme un soleil levant, et dirigeait des attaques contre Cervantes, avec l’espoir de plaire aux Argensolas. Le recueil des Eroticas contient d’une part la traduction de quelques odes d’Horace et de tout Anacréon, ainsi que diverses imitations de ce poète, et de l’autre des satires et des élégies, des églogues, des sonnets à la manière de Pétrarque, et des poèmes en latin. Les traductions d’Anacréon, assez libres du reste, sont ce qu’il y a de plus remarquable :


ou y retrouve la gaieté, la voluptueuse insouciance du chantre de Téos, à un degré de naturel que l’on chercherait en vain dans aucune autre littérature moderne.

Les poésies légères de Villegas ont été réimpr. avec la Consolation de Boèce et quelques pièces inédites à Madrid, 1774, 2 vol. in-8o, et 1797, 2 vol. in-8o, ainsi que dans le Parnasse espagnol, t. IX.

E. Baret

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N. Antonio, Bibl. hisp. nova. — Bibl, de escritores del reinado de Carlos III, 1785, t. V. p. 19. — Maury, L’Espagne poétique, t. I. — Ticknor, Hist. of spanish liter., t. II.

VILLEHARDOUIN (Geoffroi, sire de), chroniqueur français, né vers 1155, au château de Villehardouin, près de Troyes, mort vers 1213, à Messinople. Il était d’assez bonne noblesse, riche en terres domaniales, et déjà père de cinq enfants, lorsqu’il prit la croix en 1199, à l’exemple du comte de Champagne, auprès duquel il remplissait l’office de maréchal. Les croisés s’étant plusieurs fois réunis en parlement à Soissons, à Compiègne, au nombre de plus de dix mille hommes, ils nommèrent six députés pour trouver les vaisseaux et les vivres nécessaires à l’armée. Placé à la tête de cette députation, Geolfroi se rendit à Venise (1201), et obtint de la république qu’elle transporterait sur ses vaisseaux trente-cinq mille hommes, dont quinze mille cavaliers, pour le prix de 85, 000 marcs d’argent, environ quatre millions. Il prit la parole à cette occasion devant le peuple assemblé sur la place Saint-Marc, et l’adjura dans une courte et touchante harangue « de venger la honte de Jésus-Christ » et « d’avoir pitié de la Terre Sainte d’outre mer ». Puis il se jeta en pleurant aux pieds des assistants, qui d’une commune voix octroyèrent sa demande. Le comte de Champagne, Thibaut III, étant mort, Geoffroi parvint à faire nommer « seigneur de l’ost « Boniface, marquis de Montferrat. Mais les croisés, n’ayant plus leur premier chef, ne s’entendirent point pour s’acquitter envers Venise ; les uns voulurent s’en aller en Terre-Sainte par cette dernière ville, les autres par la Pouille. Les premiers ne pouvant seuls payer le prix convenu, le sage Dandolo leur proposa de s’acquitter en prenant pour le compte des Vénitiens la ville de Zara (oct. 1202), qui, malgré les réclamations d’Innocent III, fut bientôt soumise, ainsi que Trieste et toute l’Istrie. Alors le prince Alexis, fils d’Isaac l’Ange (voy. ce nom), vint prier les croisés de rétablir son père, qu’un usurpateur avait détrôné. Le 14 mai 1203, les barons français partirent de Corfou, et arrivèrent à la fin de juin à Constantinople, d’où ils chassèrent l’usurpateur après une vive résistance. La mauvaise foi d’Alexis et la turbulence de ses sujets amenèrent la ruine de l’empire grec, la prise et le pillage de Constantinople et l’élection du comte Baudouin au trône (9 mai 1204). On créa pour le marquis de Montferrat le royaume de Thessalonique. Villehardouin eut sa part dans