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VILLIERS-VILLON


la culture des lettres son délassement favori, il a composé une quinzaine d’ouvrages, remarquables par un caractère de netteté et de simplicité, ennemi de toute affectation ; mais il n’a mis son nom à aucun d’eux. Boileau l’appelle dans ses poésies le Matamore de Cluny, « parce qu’il avait l’air audacieux et la parole impérieuse ». On a de l’abbé de Villiers : Entretien sur les tragédies de ce temps ; Paris, 1675, in-12 ; — L’Art de prêcher, poème en IV chants ; Cologne (Paris), 1682, in-12 ; 17e édit. corrigée ; Paris, 1692, in-12 : il a été réimpr. plus de trente fois ; l’auteur y a principalement en vue les jeunes abbés et les écoliers de théologie, et il y donne les principales règles de la vraie éloquence ; — Réflexions sur les défauts d’autrui ; Paris, 1690, 1693, 2 vol. in-12, suivies de Nouvelles Réflexions ; ibid., 1697, 2 vol. in-12, et réimpr. ensemble, ibid., 1734, 2 vol. in-12 ; — De l’Amitié, poëme satirique ( en IV chants) contre les faux amis ; Paris, 1692, 1697, in-8o  ; — Pensées et réflexions sur les égarements des hommes dans la voie du salut ; Paris, 1693, 1732, 3 vol. in-12 ; — Traité de la Satire ; Paris, 1695, in-12 ; La Haye, 1716, in-12 : il y blâme fortement les satiriques qui s’abandonnent à des traits personnels, et s’attira par là l’épithète que lui décocha Boileau ; — Conduite chrétienne dans le service de Dieu et de l’Église, avec l’office de la Vierge ; Paris, 1699, in-12 : très-rare ; — Entretiens sur les contes des Fées et sur quelques autres ouvrages du temps ; Paris, 1699, in-12 ; — Vérités satiriques, en cinquante dialogues ; Paris, 1725, in-12 ; — Sur ma vieillesse, poésies ; Paris, 1727, in 12 ; Poésies de M. D. V. ; Paris, 1728, in-12 : ce recueil contient, outre les pièces désignées ci-dessus, l’Éducation des rois, poëme. On lui a attribué les Mémoires du comte D…, qu’il a désavoués ; les Sentiments critiques sur La Bruyère, qui sont plutôt de Bonav. d’Argonne ; les Moines, comédie et musique, etc.

Moréri, Dict. Hist., édit. 1759.

VILLIERS (Cosme de), historien ecclésiastique, né le 8 septembre 1683, à Saint-Denis, près Paris, mort en 1758. En sortant du collège d’Harcourt, il embrassa la règle des Carmes, professa la philosophie à Ploërmel, puis la théologie à Nantes, à Hennebon et à Saint-Pol de Léon, et se livra depuis 1727 à la prédication. Ayant fixé sa résidence à Orléans, il devint définiteur de la province et fut directeur du couvent de Sainte-Madeleine. On a de lui : Bibliotheca carmelitana ; Orléans, 1752, 2 tom., in-fol. : ouvrage plein de recherches et de curieux détails, mais déparé par un grand nombre de fautes typographiques ; il est accompagné d’une introduction sur la vie monastique, dont l’origine est attribuée au prophète Élie, et de dissertations qui ont pour objet de réfuter les sentiments du P. Papebroch.

Feller et Weiss, Biogr. univertelle.


VILLIERS. Voy. Beckingham et Clarendon.

VILLOISON. Voy. Dansse.

VILLON (François), poète français, né en 1431, à Paris, mort entre 1480 et 1489, soit en Poitou, soit à Paris. Il n’y a rien de moins authentique que la plupart des notices qui lui ont été consacrées, depuis celle de Colletet jusqu’aux recherches de Prompsault. Les détails positifs que nous avons sur lui sont rares ; ils se trouvent dans ses vers. C’est Villon qui a dit dans un quatrain cynique :

Je suis François, dont ce me poise.
Né de Paris, emprès Ponthoise ;
Qui d’une corde d’une toise
Sçaura mon col que mon cul poise

[1]

C’est un enfant de Paris, né dans l’année même où mourait Jeanne Darc. Ce qui prouve qu’il s’appelait Villon, c’est qu’à chaque instant dans ses vers l’auteur signe de son nom. C’est par lui que nous savons qu’il était pauvre, qu’il était de petite extrace, que son père, peut-être cordonnier de son état « n’eut oncq grand richesse », qu’il répétait souvent devant Villon enfant, qui s’en souvint trop bien plus tard,

Qu’il n’est trésor que de vivre à son aise.

Quant à sa mère, c’était une bonne femme pleine de tendresse pour son enfant et de dévotion pour la Vierge et les saints. Il alla de bonne heure s’asseoir aux bancs des écoles de l’université, mais ce ne fut pas pour y travailler. Car dans un morceau fameux il regrette le temps de « sa jeunesse folle, où il fuyait l’escoile, comme faict le mauvais enfant ».

Il montre au vif la misère des pauvres housseurs[2] ; mais, au lieu de tremper son caractère, la pauvreté eut vite raison de lui, et lui souffla les plus fâcheux conseils. Il a beau poétiquement plaider la cause des gens

Oublyans naturel devoir
Par faulte d’ung peu de chevance ;

il a beau, pour excuser les voleurs, ou, si l’on veut, les escrocs répéter que

Nécessité faict gens mesprendre
Et fait saillir le loup du bois,

on regrette qu’un des patriarches de la poésie française soit aussi un des fondateurs de l’art de vivre aux dépens du prochain, et que ses licences l’aient mené si loin qu’un pas de plus la potence de Montfaucon eût coupé court à sa verve poétique. Nous devinons, sans avoir besoin de recourir au commentateur, ce que furent pour lui belle heaulmière, Blanche la savatière, la gente saulcissière, la belle gantière, Katherine l’éperonnière, sans parler de Katherine

  1. Ces vers sont authentiques : il n’en est pas de même de ceux que le président Fauchet prétend avoir trouvés dans un manuscrit que depuis personne n’a jamais revu :

    Je suis François, ce dont me poise

    Nommé Corbueil en mon surnom,

    Natif d’Auvers emprès Ponthoise

    Et du commun nommé Willon, etc.

  2. C’est-à-dire des écoliers qui se couvraient la tête et les épaules avec des housses ou couvertures.