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NOUVELLE

BIOGRAPHIE

GÉNÉRALE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU’A NOS JOURS.

Les articles précédés d’un astérisque [*] ne se trouvent pas dans la dernière, édition
de la Biographie Universelle, et sont aussi omis dans le Supplément.
Les articles précédés de deux astérisques [**] concernent les hommes encore vivants.

B

BICHAT (Marie-François-Xavier), célèbre médecin et anatomiste français, né à Thoirette (Jura) le 11 novembre 1771, mort le 22 juillet 1802. Il passa ses premières années dans la petite ville de Poncin, près Nantua, dont son père était maire ; et il se fit remarquer dès son enfance par son aptitude au travail, et même par son goût pour les recherches anatomiques. Il commença ses études classiques au collège de Nantua ([1]), et les termina à Lyon, au séminaire de Saint-Irénée, dont le supérieur était alors un de ses oncles, le P. Bichat, jésuite à Lyon, comme précédemment à Nantua, il se distingua par ses succès. Revenu dans sa famille, il y commença l’apprentissage des études médicales sous la direction de son père, qui lui donna les premières notions d’anatomie et de médecine pratique ([2]). Mais la clientèle d’un médecin de campagne ne pouvait offrir des ressources suffisantes pour l’instruction, et Bichat ne tarda pas à retourner à Lyon. Le célèbre chirurgien Antoine Petit professait alors la clinique chirurgicale à l’hôtel-Dieu de cette ville. Bichat suivit ses leçons pendant deux ans (1791 à 1793) : il ne tarda pas à se faire remarquer du professeur, qui, dit-on, se fit suppléer par lui dans plusieurs circonstances, bien qu’il n’eût pas encore vingt ans.

Les événements politiques vinrent bientôt détourner le cours d’une carrière qui s’annonçait d’une manière si brillante. Le siège de Lyon, où Bichat se distingua par des actes de courage, les proscriptions et les massacres qui le suivirent, n’étaient guère compatibles avec l’étude paisible des sciences ; d’ailleurs, par son âge, Bi-


chat se trouvait sous le coup de la réquisition. Il se sauva de Lyon et vint à Paris, dans le but de continuer ses travaux, et d’aller ensuite chercher à l’armée, comme chirurgien militaire, la seule carrière qui pût, en assurant sa sûreté personnelle, lui permettre de continuer à cultiver ses goûts scientifiques. Une circonstance fortuite mit Bichat en évidence à Paris, comme il l’avait été à Lyon sous son premier maître Antoine Petit. Bichat suivait avec assiduité les leçons cliniques de Desault à l’hôtel-Dieu. Il était d’usage que chaque élève rédigeât à son tour les leçons du professeur, pour en faire, après la leçon du lendemain, l’objet d’une lecture publique. Un jour, l’élève chargé de cette leçon manqua à l’appel ; Bichat s’offrit pour le remplacer. Son travail fut assez remarquable pour attirer l’attention du chirurgien en second, Manoury, chargé de diriger ces exercices. Il s’agissait du traitement des fractures de la clavicule, question qui doit beaucoup, comme on le sait, aux travaux de Desault. Il paraît que Bichat ne s’était point borné à reproduire la leçon de la veille ; mais qu’il avait, dans sa rédaction, émis quelques idées nouvelles, qui devaient perfectionner la méthode curative imaginée par le savant professeur de chirurgie. Desault, instruit par Manoury de ce qui s’était passé à sa clinique, voulut connaître Bichat ; et dès les premières entrevues, frappé de la haute intelligence du jeune étudiant en médecine, il le prit avec lui pour l’aider dans sa pratique chirurgicale, la préparation de ses cours et la rédaction de ses ouvrages. Ainsi vécut Bichat pendant plus d’une année, consacrant à son maître la plus grande partie de son temps, et trouvant encore des moments de loisir pour faire des dissections, et pour se perfectionner dans l’étude de la physiologie et de la médecine.

  1. (1) Bichat fut au collège de Nantua condisciple du chimiste Sérullas, plus jeune que lui de trois ans.
  2. (2) C’est à son père que Bichat dédia le Traité des membranes.

NOUV. BIOGR. UNIVERS. - T. VI. 1