ne va pas jusqu’au bout mais s’arrête lorsque les deux tiers environ du mélange d’acide et d’alcool sont transformés. Prenant 60 grammes d’acide acétique et 40 grammes d’alcool on n’obtient pas la quantité théorique, 88 grammes d’acétate d’éthyle, mais seulement 59 grammes. La cause en est que l’eau agit sur l’acétate d’éthyle dans le sens opposé et l’on arrive encore à la limite indiquée un partant du mélange de 88 grammes d’acétate d’éthyle avec 88 grammes d’eau. Le repos final apparent résulte ainsi de deux réactions inverses qui se font avec la même vitesse, ce qu’exprime le symbole
Il sera peut-être bon d’employer encore une image. Représentons (fig. 4)
la variation de composition par une longueur portée de gauche à droite, de
façon que le point A indique le mélange d’acide et d’alcool, et le point B le
Fig. 4
mélange d’éther et d’eau ; le point C
situé aux deux tiers de la distance AB
exprime la composition du mélange à
l’état d’équilibre. La transformation
chimique peut être figurée par une
bille qui roule sur une courbe DEF et
s’arrête au point le plus bas ; le déplacement
de D en E correspond à la
formation de l’éther et le déplacement
de F en E au phénomène inverse, à la
saponification. Mais, pour que l’image
serre le phénomène de plus près, nous devrons supposer que la bille est
dépourvue d’inertie, qu’elle n’arrive pas en E avec sa vitesse maximum
pour dépasser ensuite cette position, mais qu’elle se meut de plus en plus
lentement et arrive avec une vitesse nulle à sa position d’équilibre.
Ce diagramme convient encore pour représenter les réactions qui paraissent totales, car on a reconnu peu-à-peu que, même dans ce cas, il y a réellement une limite ; seulement, comme l’indique la courbe GH, elle est rejetée assez loin d’un côté pour que les moyens les plus délicats soient nécessaires pour mettre en évidence la petite quantité restante de l’un des deux systèmes. Les idées à ce sujet se sont complètement modifiées : autrefois les réactions d’équilibre paraissaient être l’exception ; aujourd’hui on a bien des raisons de croire, au moins dans le cas de mélanges homogènes de systèmes pouvant se transformer l’un en l’autre, comme les solutions, que l’équilibre est le fait réel et que la transformation n’est totale qu’en apparence.